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Marthe Gautier en 2015 © Capture d’écran YouTube À 31 ans, alors qu’elle est cheffe de
clinique, elle s’investit de façon béné-
Marthe Gautier découvre le chromo- vole dans la recherche et met à profit
some de trop de la trisomie 21 cette technique qu’elle seule maîtrise.
Elle contracte un crédit et prélève
Née en 1925, Marthe Gautier est de- aux États-Unis, où elle se forme à la même son propre sang pour obtenir
venue un symbole de l’effet Matilda, technique de culture de cellules in vi- le sérum nécessaire à ses cultures. Elle
l’effacement de l’apport des femmes tro. De retour en France, c’est ce sa- parvient ainsi à démontrer en 1958
en sciences au profit de leurs collè- voir-faire qui sera déterminant pour que les enfants touchés par la mala-
gues masculins. Entamant des études ses recherches ultérieures. Elle rejoint die possèdent bien 47 chromosomes,
de médecine à Paris en 1942, elle suit l’équipe du Pr Raymond Turpin qui tra- un de plus que chez les patients sains.
les traces de sa sœur ainée, Paulette vaille sur le syndrome de Down à l’hôpi- Mais son collègue qui réalise les cli-
Gautier, qui l’avertit des efforts que les tal Trousseau. Selon le médecin, cette chés des cellules, Jérôme Lejeune,
femmes issues de familles paysannes maladie doit avoir une origine géné- ne revient jamais vers elle. Il finit par
comme la leur doivent fournir pour tique, mais personne en France à cette annoncer seul la découverte dans un
être reconnues. En 1955, elle obtient époque ne maîtrise la culture cellulaire, séminaire de génétique. Quand ils pu-
une bourse d’études de 1 an à Harvard qui permettrait d’en obtenir la preuve. blient le résultat, Lejeune se place en
tant que contributeur principal. C’est
donc lui qui est reconnu comme dé-
couvreur de la trisomie 21, recevant
les prix et l’attention médiatique. En
2009, Gautier écrit dans un article
qu’elle s’est estimée « flouée à tous
les égards », ce qui la conduit à s’éloi-
gner de ce champ et à se tourner vers
la cardiopédiatrie. Il faudra de nom-
breuses années pour qu’elle voit son
travail réhabilité. En 2014, l’Inserm re-
connait enfin son apport décisif dans
la découverte de la trisomie 21. Mar-
the Gautier s’éteindra le 30 avril 2022.
Le VIH, discret agent du sida
démasqué par Françoise
Barré-Sinoussi
Au début des années 1980, alors que dénommé LAV, il sera renommé VIH,
l’épidémie de sida s’emballe, les méde- pour virus de l’immunodéficience hu-
cins comme les scientifiques en savent maine, en 1986.
encore peu sur cette nouvelle maladie En parallèle de ses travaux scienti-
qui abat les défenses immunitaires fiques, Barré-Sinoussi s’engage publi-
de leurs patients. Fin 1982, Françoise quement dans la lutte contre le sida,
Barré-Sinoussi est virologue à l’Institut notamment dans le monde associatif,
Pasteur, à Paris, dans un laboratoire qui en présidant des organisations comme
travaille sur les rétrovirus. Deux mé- AIDES, le Sidaction ou l’International
decins, Willy Rozenbaum et Françoise AIDS Society. En 1985, elle se rend en
Brun-Vezinet, prennent alors contact Centrafrique pour participer à la dé-
avec son équipe, car ils voient des si- finition de la stratégie de lutte contre
militudes entre ce nouveau syndrome le sida en Afrique. Durant de longues
d’immunodéficience et une maladie années, elle milite pour l’accès au soin
provoquée par un rétrovirus. La viro- des populations fragiles et particuliè-
logue et ses collègues vont alors culti- rement touchées par la maladie. Fran-
ver un échantillon provenant d’un pa- çoise Barré-Sinoussi se voit remettre,
tient au stade pré-sida et y trouver la conjointement avec son ancien chef
trace d’un virus semblable. Le 4 février de laboratoire Luc Montagnier, le prix
1983, c’est un nouveau virus qui est Nobel de physiologie ou médecine en
identifié par microscopie électronique 2008, qui rejoint la longue liste des dis-
dans les cultures de cellules. Un temps tinctions qui lui ont été attribuées.
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