Page 9 - PHARMAVIE_Janvier-fevrier
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DÉCRYPTAGES /DANS LE MILLE
facilement et de façon intuitive la quali- algorithme, « fruit d’une longue dé- de pesticides ou autres produits non
té nutritionnelle des produits », promet marche scientifique », précise le nutri- mentionnés dans le tableau nutrition-
Serge Hercberg. En ayant la possibili- tionniste. « Ça fait 20 ans qu’on essaie nel. Cependant, les éléments “néga-
té ainsi de comparer des aliments de d’avoir un logo nutritionnel », explique- tifs” revêtent une importance plus
même type, « l’idée est d’orienter les t-il, soulignant néanmoins la foultitude forte que les aliments qui pourraient
consommateurs vers les aliments de d’études scientifiques qui ont depuis apporter des points positifs.
meilleure qualité nutritionnelle ». Pour pu être mises au jour, renforçant ainsi
autant, le logo n’entraîne pas la sup- la pertinence du Nutri-Score à tra- « On peut avoir
pression du tableau nutritionnel et de vers un corpus d’études européennes.
la liste des ingrédients. Moins intuitif, il « Les recommandations de l’OMS in- quelques aliments
permet néanmoins, à l’aide des nom- diquaient déjà de mettre en place des
breuses informations qui y figurent, logos simples et compréhensibles par ultra-transformés
de contrôler la justesse du logo Nutri- tous, pour contribuer à améliorer les
Score, « mais aussi de responsabiliser choix alimentaires des consommateurs qui ont une bonne
les entreprises au sujet des ingrédients et donc de jouer sur leur état nutrition-
qu’elles utilisent ». nel et de diminuer le risque de mala- composition
dies ». D’après le médecin, plus d’une
D’ailleurs, dans un souci de trans- centaine d’études dans plus d’une nutritionnelle,
parence qui semble cher à Serge vingtaine de pays viennent ainsi corro-
Hercberg, tous les consommateurs borer la robustesse de l’algorithme et ou l’inverse »
peuvent utiliser un calculateur, l’efficacité de son format graphique...
accessible sur le site Nutri-Score « L’intérêt est de pouvoir comparer
de Santé publique France, pour « Plus d’une des aliments de même type entre eux,
confirmer l’évaluation du score. avec des quantités pertinentes », insiste
centaine d’études Serge Hercberg, qui dénonce dans les
La démarche scientifique tableaux nutritionnels l’usage d’unités
au cœur du Nutri-Score dans plus d’une et de portions incomparables. Cepen-
Ce calcul est réalisé grâce à un dant, le Nutri-Score ne porte que sur la
vingtaine de pays dimension nutritionnelle des aliments
et ne peut donc pas prendre en compte
viennent corroborer d’autres dimensions également impor-
tantes comme les processus industriels
la robustesse de et notamment le fait qu’un aliment soit
ultra-transformé. « Même s’ils sont en
l’algorithme » général mal classés par Nutri-Score,
on peut avoir quelques aliments ultra-
L’expert Si le fond du logo repose sur des transformés qui ont une bonne com-
études scientifiques, c’est aussi le cas position nutritionnelle, ou l’inverse »,
Le docteur Serge Hercberg, de la forme, puisque des travaux ont explique le scientifique. Mais les pro-
épidémiologiste et été menés sur la compréhension ob- duits possédant des logos D ou E, donc,
nutritionniste, ex-directeur jective des logos. En s’appuyant donc a priori, négatifs, ne sont pas pour au-
de l’équipe de recherche sur les logos déjà présents à l’interna- tant à rayer de la liste de courses. Il est
en épidémiologie nutrition- tional, les scientifiques ont pu « valider en revanche préférable de les consom-
nelle (Eren) de l’Inserm et le format graphique et son efficacité mer en petites quantités, de manière
de l’Université Sorbonne en termes de perception et de com- raisonnée et pas à chaque repas.
Paris Nord. préhension ». Pour Serge Hercberg, la
démarche derrière le Nutri-Score ré- Mieux coller avec les
vèle « beaucoup de science qui sou- connaissances scientifiques
tient une idée de bon sens ». À l’heure actuelle, six autres États que
la France ont adopté le Nutri-Score,
Un algorithme en libre accès : en conformité avec la réglementation
comment ça marche européenne en vigueur. Seul regret
Afin de calculer ces scores, seules les pour Serge Hercberg : cette régle-
informations nutritionnelles dispo- mentation « ne donne pas la possibi-
nibles sur le tableau obligatoire sur lité aux États de rendre le logo obli-
la face arrière des emballages sont gatoire ». Un combat que mènent le
prises en compte dans l’algorithme, chercheur et son équipe, notamment
comme la quantité de sucres, de gras, contre la pression des lobbies et des
de sel, de protéines, de fibres, etc. Le entreprises qui ne veulent pas faire
logo ne considère en revanche pas apparaître la qualité nutritionnelle des
les additifs éventuels, ni la présence produits sur leurs emballages.
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